Du pain, de la farine et du grain....

Pygaer qui se trouvait dans son bureau entendit du remue-ménage dans la cour. Interloqué, il se leva et jeta un coup d'oeil par la fenêtre. Ce qu'il vit ce fût la formation d'un convoi, manoeuvre qu'orchestrait le fidèle Maitre Jacob ainsi que la constitution d'une garde dont semblait s'occuper Eloêdyn. Il réfléchit quelques instants puis alla se préparer pour partir en campagne. Il ne serait pas dit que le capitaine de la garde resterait sagement dans son bureau alors qu'une mission semblait se préparer. Il descendit les escaliers et se retrouva nez à nez avec Maitre Jacob qui semblait fort en affaire

Hé bien Maître Jacoc, vous voilà bien affairé. Dites moi, parlez moi un peu de cette mission... Est ce bien celle de courmayeur ? car dans ce cas je vous accompagne... Les journées sont calmes ici pour l'instant, ma compagne n'est point là alors autant prendre un peu d'exercice. Je vous attends dans la cour

En faisant un grand sourire au vieil homme, il se dépêcha de rejoindre Eloêdyn et ses hommes

Tout va bien Lieutenant ? La garde est prête? Bien, bien, je vois que vous avez le tout bien en main. Parfait, parfait Tout en regardant autour de lui, une idée germait dans l'esprit de Pygaer:

"Dites moi Lieutenant, vous semblez vous affirmez et vous faites preuve des qualités que j'ai toujours soupçonné en vous. Aussi, je vous propose de continuer à assumer la direction du convoi. Montrez-nous donc vos capacités. Considérez-moi comme un simple membre de l'équipe. A vous le commandement mon cher Eloêdyn, je suis a vos ordres Mon Lieutenant!!

En voyant la tête d'Eloêdyn, Pygaer partit d'une immense rire: il est vrai que cela devait lui paraître bizarre à prime abord à l'Eloêdyn, mais après tout, il était Lieutenant et il était temps qu'il s'affirme...

Chartres avait entendu force bruit jusqu'au fond des écuries.....

- Et bien, qu'est-ce donc que tout ce remue-ménage ???

Elle regardait, les mains sur les hanches, ce qui se passait dans la cour quand elle vit son ami Pygaer en grande discussion avec messire Eloëdyn !

- Bonjour mes sires ! Pyg...ravie de te revoir, besoin d'aide ? Que se passe t-il ?

Chartres voyant arriver une noble Dame montée sur un beau cheval, vint au-devant d'elle, lui fit une petite révérence et attrapa la monture par la bride.
Elle caressa le museau de la bête légèrement essoufflée par la course...

Capitaine , je vous remercie. Il me faut d'abord passer à mon château , j'emmène mon fils et sa nourrice.

Suivez-moi, capitaine. Nous rejoindrons ce convoi à Courmayeur.

A vos ordres Votre Grâce, nous vous suivons

Après ces paroles, Pygaer lança un dernier regard vers le convoi qui se préparait dans la cour. Il constata avec bonheur qu'Eloêdyn avait les affaires bien en main. Il ferait un bon seigneur un jour ou l'autre se dit-il en souriant, puis il éperonna doucement les flancs de Noireaud qui répondit de sa manière habituelle en hennissant bruyamment.

La petite troupe se mit en branle, lentement d’abord pour sortir des Domaines. Une fois à l’extérieur, le trot se mua en galop léger et ils filèrent bon train vers le château de Dame Azalée. Au devant de la troupe, Dame Azalée regardait droit devant elle, semblant plongée dans ses pensées. Pygaer la suivait immédiatement, tenant dans sa main droite l’étendard des Bauges qui flottait fièrement au vent. Lui aussi était plongé dans ses pensées: celles-ci s’envolaient vers sa compagne, partie maintenant depuis plus de 40 jours avec son suzerain à elle. Pygaer eut un léger pincement au cœur, le Berry étant loin et les nouvelles peu fréquentes… Mais bientôt, ils seraient réunis, bientôt il pourrait la serrer à nouveau dans ses bras. Bientôt il lui poserait la question qui lui brûlait tant les lèvres….

Une légère hésitation de Noireaud le ramena à la réalité. Pour l’instant, il se devait de protéger sa suzeraine qui se trouvait devant lui. Il jeta un regard discret à ses hommes et fut heureux de constater qu’ils le suivaient et qu’ils le suivraient jusqu’en enfer s’il le fallait. Etant tous originaires de son fief, il était sûr d’eux. Il en éprouva une fierté immense.

Bientôt les contours du domaine des Bauges se dessinèrent au lointain mais loin de réduire l’allure, la troupe accéléra. Ils entrèrent dans les rues de la ville et continuèrent vers le château. Les habitants du village les saluèrent gaiement au passage et Pygaer vit à plusieurs reprises Dame Azalée leur répondre d’un léger signe de la main, ce qui accrut encore davantage le respect qu’il avait pour elle.

Après encore quelques minutes de chevauchée, le château apparût au loin

C'est Eloëdyn qui était venu avertir la médecin de ce qui se préparait. Il lui avait annoncé la famine en Courmayeur. Si tost, Iasvana avait entreprit de rassembler les simples nécessaires aux soins plausibles qu'elle rencontrerait là bas. mais le choix était si difficile qu'elle mit bien du temps. Elle fit mesme un détour avant de se retrouver dans la cour du chastel de Bielle pour cueillir quelques remèdes indispensables qui se consommaient frai.
C'est donc en tenant une mule à la bride (mule chargée comme une mule, mais c'est un peu redondant...) que le médecin officiel de San Michel parvint au rassemblement qui se préparait. L'animal avait deux gros paniers sur ses flans, bourrés à craquer de tout ce que la Signora avait pu amener avec elle.

Un peu essoufflée, elle murmura un bonjour à l'assemblée, intimidée de voir que tant de personnes seraient de la partie.

Sans plus de formalités, elle repéra d'un coup d'oeil un chariot qui devait lui estre réservé, comme le lui avait dit Eloëdyn un peu plus tost. La mule fut attachée solidement à l'arrière de la charrette améliorée.
Iasvana monta alors à bord, vérifia que la besace rouge qui pendait à sa hanche était bien là, que sa dague fine était bien caché dans les moult replis de sa robe d'un jaune poussin. D'ailleurs, elle était en train de se dire qu'elle aurait pu s'habiller plus simplement lorsqu'elle se dit que la famine n'attendait pas...

D'une voix forte, elle tonna alors :

- En route, mauvaise troupe ! La bonté qui nous anime a besoin d'action !

Son regard parcouru ceux qui se tenaient prest au départ. En son asme intérieure, elle fit une courte prière : pourvu que cette solidarité aristotélicienne soit toujours vivante... Pour le jour où elle mesme en aurait besoin.